La farine panifiable est incontestablement une innovation congolaise qui consiste à utiliser le manioc dans la panification ou dans la pâtisserie en lieu et place de la farine de blé ». A affirmé la Professeure Marie-Claire YANJU dans une interview accordée à la RTNC. Cette experte en biotechnologie au Département de biologie de l’université de Kinshasa dit avoir réussi à remplacer partiellement ou totalement le blé par la farine de manioc sous différentes formes, notamment en pâtes alimentaires, en gâteaux, en biscuits et en spaghettis.
Très positive, cette chercheuse promet d’apporter d’autres innovations en 2025 pour savoir préparer et fermenter le manioc dans un processus simple qui permet de maîtriser les risques sanitaires.
Les études menées en laboratoire lui ont permis de trouver une méthode de séchage qui évite les risques de contamination. Elle fait remarquer cependant, que beaucoup de gens sont morts de cancer de cirrhose de foi suite à du manioc mal fermenté ou mal conservé. » Nous avons pris le temps pour déterminer tout cela, procéder à la dégustation et évaluer la conservation « , a-t-elle indiqué. Professeur Marie-Claire YANDJU a conseillé d’eviter de blesser ou traumatiser le manioc lors de sa récolte on son traitement. Elle a indiqué que le manioc étant une denrée très périssable doit être conditionné dans une formule stable qui maîtrise le séchage pour éviter les micro organismes. La maîtrise de tous ces éléments conditionne un projet bancable. Pour y arriver, il faut disposer des documents qui attestent que le produit qui n’est pas toxique répond aux normes de certification. A partir du brevet obtenu, on peut solliciter l’obtention d’une licence pour vendre et utiliser dans la production.
Professeur Marie YANDJU révèle par ailleurs, que le kinois consomme au moins 450 kgs de manioc par an, multiplié par dix millions d’habitants, en faisant la moyenne, ça fait des tonnes de manioc.
« Nous sommes arrivés à recycler les déchets de manioc pour en produire l’énergie ou d’autres sous produits » a t-elle indiqué avant de révéler que les epilchures du manioc peuvent produire la farine pour nourrir le bétail. En même temps, l’eau de rouissage de manioc peut tuer les larves d’insectes nuisibles.
Qu’est-ce que les déchets non tubercules peuvent produire ?
Lorsque vous récoltez le manioc, les agronomes recommandent de couper les feuilles à vendre directement. Tout comme, on peut les transformer, les couper à trois ou six mois. Ce qui permet de faire le sarclage avec l’argent issu de la vente de feuilles. A ce moment là, le produit s’autofinance. Les epilchures non jetées sont entassées, à cela s’ajoute l’eau de rouissage.
Professeure Marie YANDJU croit beaucoup en la RDC dont le manioc est le principal aliment de base. Cependant, ce qui manque à la population, c’est la technologie. Tout ce qui se fait de façon artisanale n’a pas la chance d’aboutir aux résultats escomptés. Et que malgré la signature de la Zone de libre échange économique, la République Démocratique du Congo aura difficile à imposer ses produits si on ne retourne pas vers les chercheurs. Heureusement, selon elle, depuis des lustres, c’est la première fois qu’un Ministre congolais, en la personne du Prof Dr Gilbert Kabanda Kurhenga a valorisé la recherche et les chercheurs.
Professeur Marie-Claire YANDJU dit avoir mis également au point la shikuange qui dure 9 mois. Elle fait remarquer que la consommation exagérée du manioc est à la base de la malnutrition sévère en milieu rural. Ce qui explique, précise t-elle, qu’un enfant sur deux a souffert de malnutrition pendant les cinq premiers mois de sa vie. Professeur Marie-Claire YANDJU qui a fini l’étape du laboratoire était lauréate primée lors du forum du génie scientifique congolais tenu ces deux dernières années à Kinshasa.
Elle se propose d’installer son usine à Menkao où elle aura la possibilité de contrôler le taux de séchage, de l’humidité et de la température du manioc avant son traitement au laboratoire.
Propos recueillis par Nancy Masali
« Les voies du progrès » RTNC
Décryptage
Pascal Masirika Bisimwa
ConsCom MRSIT