Des chefs religieux, sages des mutualités tribales, autorités locales et jeunes se sont réunis ce samedi 05 octobre 2024 dans l’auditorium de la mairie d’Uvira pour s’engager en tant qu’« artisans de la paix ». Devant plus de 300 personnes, ils ont signé un document et allumé une bougie, symbole d’espoir face aux défis de ténèbres de la haine et des conflits intercommunautaires.Cette rencontre axée sur le thème « imaginer la paix », a rassemblé des représentants des mutualités tribales (MUREMA, EMO YA MBONDO, LUBUNGA LWA BAFULIIRU, CINYABUGUMA DE BASHI, SHIKAMA BANYAMULENGE) et confessions religieuses (COMICO, CATHOLIQUE ROMAINE, ANGLICANE, PROTESTANTE CEPAC,ETC). Ils ont pris l’engagement de construire une paix respectueuse des droits de l’homme, promouvoir l’hospitalité, et bannir la discrimination. Des discours du président mondial de Sant’Egidio, du Cardinal Fridolin Ambongo et du Pape François ont également été partagés, touchant le jeune public présent, dont le jeune entrepreneur Mushakulwa Feruzi Amos. _ »En tout cas, entre nous jeunes, il n’y a pas de conflit. Sauf que certains jeunes à la recherche de survie veulent utiliser les réseaux sociaux pour semer la division tribale et plonger la ville dans le chaos, une situation que nous n’avions pas connu jadis, nous qui sommes nés et avons grandi jadis. D’autres jeunes venus de pays voisins et se liguent pour semer la haine entre nous. Ma contribution. C’est d’appeler tous les jeunes à éviter ce comportement qui ne nous recule »,_ a fait remarquer ce ressortissant du Maniema. Cheikh Alka Munyonge, président de la communauté islamique d’Uvira, a captivé l’audience avec un kiswahili raffiné. « Bila amani hakuna kyenye kinaweza fanywa. Kwa hiyo, anaye fikia amani anafikia maendele, maisha, ubora na uzuri wa watu wote », a declaré le représentant de la COMICO Uvira.
Tandis que la sœur Meucha de l’église catholique, Piccoli Filia, a dénoncé les discours de haine qui circulent sur les réseaux sociaux, semant la terreur et exacerbant les tensions entre les communautés.William Etabo et Mathias Hakizimana, représentants des associations Emo ya Mbondo Babembe et Shikama Banyamulenge, ont affirmé que leurs communautés ont exprimé la volonté de contribuer au désengagement des groupes armés et de soutenir des projets de paix et de développement. Ils ont également évoqué l’importance des mariages mixtes pour favoriser la cohabitation pacifique.Malgré les conflits passés, des signes d’espoir émergent : des communautés autrefois divisées commencent à fréquenter ensemble les marchés, comme à Mitamba, et participent à des événements communs, comme recemment la conférence de l’eglise méthodiste à Masango dans les hauts plateaux d’Uvira, témoignant d’une volonté de réconciliation.La congrégation Sant’Egidio, fondée en 1968 et présente dans 70 pays, célèbre à Uvira sa 25e année d’existence. Bernard Namegabe, représentant de la communauté, a souligné que cet événement s’inscrit dans une initiative plus large, organisée simultanément dans le Sud et le Nord Kivu, suite à une rencontre internationale à Paris.
Cette journée a été un pas vers la paix et l’unité dans la région d’Uvira et de Fizi/Itombwe, illustrant l’engagement collectif des acteurs locaux pour construire un avenir harmonieux.
Fiston Ngoma Mayabala
