Après des heures de pluie torrentielle, la capitale congolaise panse encore ses plaies ce dimanche matin. Le déluge, débuté dans la nuit de vendredi à samedi, s’est prolongé pendant une bonne partie de la journée de samedi, transformant de nombreux quartiers du district de Tshangu en zones sinistrées.
À Ndamu, Pétro Congo et Quartier 8, les rues sont devenues de véritables rivières, l’eau s’étendant jusque dans les maisons. “C’est comme si le ciel s’était vidé sur nous”, lâche Freddy, un habitant du quartier Ndamu, les pieds encore dans la boue. “Depuis vendredi soir, la pluie n’a pas cessé. Samedi dans l’avant-midi, ça tombait encore plus fort. On ne pouvait rien faire, juste espérer que ça s’arrête.”
Le boulevard Lumumba, particulièrement le tronçon compris entre Debonhomme et Quartier 1, reste toujours impraticable. Ce matin encore, de nombreux véhicules sont à l’arrêt, embourbés ou abandonnés. Des passants tentent de se frayer un chemin entre les flaques géantes et les débris, tandis que d’autres, épuisés, se reposent sur les toits de leurs voitures.
“Moi je suis en sécurité, seulement je ne sais pas sortir de chez moi à cause des eaux et de l’embouteillage”, confie un habitant, coincé chez lui. Il n’est pas le seul. Selon plusieurs témoignages, bon nombre de personnes ont été contraintes de passer la nuit de samedi dans leurs véhicules, la circulation étant quasiment impossible et les abris inexistants.
Dans certaines zones, les habitants ont assisté impuissants à l’effondrement de murs ou à l’inondation complète de leurs maisons. “Tout est mouillé. Matelas, vêtements, papiers… même la nourriture. On a tout perdu”, déplore Mamy, une mère de famille rencontrée à Pétro Congo, tenant sa fillette par la main. Les enfants, eux, pataugeaient dans l’eau croupissante, inconscients du danger sanitaire imminent.
Des sources locales évoquent des pertes en vies humaines, notamment des enfants emportés par des eaux de ruissellement ou tombés dans des caniveaux non couverts. Le bilan partiel donné par les sources gouvernementales est de 22 morts.
L’appel à l’aide se fait pressant. Les sinistrés dénoncent l’inaction des pouvoirs publics face à ce qu’ils qualifient de catastrophe prévisible. “Chaque saison de pluie, c’est la même chose. Et chaque fois on nous promet des solutions qui n’arrivent jamais”, s’indigne un habitant de Debonhomme.
En attendant une réponse des autorités, les habitants s’organisent entre eux, tentant de sauver ce qui peut l’être et de protéger leurs familles.
Alain Ngabo Kajemba