C’est en ces termes que l’adjoint au maire d’Uvira, Kapenda Kifara Kyky, a conclu le forum d’échanges organisé ce samedi, 21 septembre 2024 dans l’auditorium des femmes, de la ville. Les représentants des communautés tribales, les acteurs de la société civile, les représentants de la Police nationale et de l’armée présents aux assises ont été appelés à œuvrer pour la paix.
Le maire adjoint a affirmé que les conflits dans la région résultent de manipulations politiques, notamment pendant les élections.
» L’État doit jouer un rôle central dans la sensibilisation à la nécessité de la participation de chacun pour bâtir une société pacifique. Pendant les élections, chaque politicien cherche à conquérir le pouvoir. Et souvent il se rabaisse vers les tribus en les intoxiquant, en leur donnant de discours haineux contre telle ou telle autre tribu. Ceux qui sont tombés dans ce piège commencent à réaliser petit à petit qu’ils sont manipulés », a declaré Kapenda Kyky.
Cet événement a marqué le 25e anniversaire de l’adoption par l’ONU de la déclaration sur la culture de la paix.
À Uvira, l’ONG locale CEDIER, centre de développement intégral de l’enfant rural, a organisé ce forum pour permettre aux communautés Fuliiru, Vira, Shi, Nyamulenge, Bembe, Nyindu et d’autres acteurs sociaux de discuter des opportunités pour la paix dans les territoires d’Uvira et de Fizi/Itombwe.
Les participants ont discuté des défis de la cohabitation pacifique, notamment des conflits liés à la gestion des ressources naturelles. Armel Rutebeza, chargé des programmes de CEDIER, a souligné l’importance d’une dynamique de valorisation de la diversité pour renforcer la cohésion sociale.
» Ces conflits sociaux, autour de terres et de la gestion des ressources ont poussé au cloisennement des communautés, chacune cherchant à conserver les valeurs qui sont les siennes, alors qu’on devrait rester dans la dynamique de la diversité des ethnies pour la cohésion sociale », a souligné monsieur Armel de CEDIER.
Le président de la mutualité Shikama/Banyamulenge, Hakizimana Matthias, a noté des progrès dans les relations communautaires et la réhabilitation des routes, facilitant la circulation. Il a Cependant déploré les barrières imposées par les forces de l’ordre qui freinent cette dynamique dans les hauts et les moyens plateaux d’Uvira.
« Ils tracassent sur plusieurs chemins menant vers Bijombo, Muramvya et Kirungu. Toutefois, la paix retourne progressivement à Mitamba et à Masango où nos communautés se fréquentent », a révélé ce sage banyamulenge d’Uvira.
De son coté, Mugabe Majande Nkubito, représentant la tribu Fuliiru, a mis insisté sur les efforts de réhabilitation routière et l’importance de la paix pour surmonter la méfiance entre les communautés.
» 60 kms de route en terre battues sont déjà rehabilités depuis le village Maheta dans l’Itombwe, en passant par Magunda, nous evoluons vers la chaîne de Mitumba. Deux motos que nous avons transportées sur la tête jusque dans la région des hauts plateaux facilitent le transport en taxi sur le tronçon réhabilité. Et nous espérons qu’en mettant nos efforts ensemble pour tracer cette route, la zone sera désenclavée et les produits des champs maïs, haricot, pomme de terre et la viande de boeuf, pourraient commencer à être évacuer vers ici à Uvira », a soutenu Nkubito Mugabe de bafuliiru.
Tous ont recommandé que les initiatives de paix, soutenues par GIZ à travers la Coopératiom Allemande et mises en œuvre par CEDIER, s’étendent aux hauts plateaux, identifiés comme un foyer de tensions.
Enfin, des activités culturelles ont rythmé l’événement, avec des groupes folkloriques exprimant à travers la danse et la musique l’importance de la paix et du vivre ensemble.
Fiston Ngoma Mayabala