« On ne peut pas crier sur le toit pour demander aux gens de faire de l’agriculture alors que le gouvernement ne met pas en place des mécanismes d’accompagnement de ceux qui sont à la merci des Mobondo qui écument le plateau de Bateke situé à 130 kilomètres de Kinshasa ». Déclaration faite ce jeudi, 22 août 2024 à Exacte-info.net par l’agriculteur Cyprien Banyanga Byamungu, en réaction au récent message du Ministre du commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya qui appelait les congolais à investir dans le secteur agricole.
» En suivant cet appel, je suis désolé d’avoir quitté un bon poste de service dans une organisation internationale très respectée, j’ai investi tout mon avoir dans la terre sans rien gagner à cause de l’insécurite créé par les Mobondo qui m’ont séquestré et qui ont failli me tuer », affirme t-il. Cyprien Banyanga Byamungu fait remarquer qu’à peine vous plantez avec l’espoir de récolter, quelques jours après les miliciens Mobondo surgissent pour vous empêcher d’accéder au champ. A titre indicatif, ses aubergines ont pourri dans le champ ne pouvant pas les récolter faute de sécurité. Comme si cela ne suffisait pas, ajoute t-il, alors qu’il pleurait son fils décédé il y a trois mois, des Mobondo ont occupé sa concession. Il soupçonne un subalterne d’un chef coutumier qui menace de le tuer pretextant qu’il détient une concession qu’il aurait pu vendre à un chinois. Cyprien Banyanga Byamungu affirme que ses voisins de IBI-Village n’ont plus mis les pieds sur le site. Il se dit peiné de constater qu’une dizaine d’entre eux sont morts de faim dans l’anonymat et d’autres carrément dessouchets ayant fui ne veulent plus rentrer sur le plateau de Bateke. Même un belge assez âgé qui aime la RDC et travaillant depuis plusieurs années pour créer les écosystèmes locaux ne peut plus accéder à sa concession devenue pourtant un centre de formation pour des étudiants venus des facultés de l’environnement de l’Unikin, de l’Upn et de l’université de Loyola.
Cyprien Banyanga Byamungu a indiqué également qu’il n’y aura plus de production de braise verte de bonne qualité sur des plantations d’acacia recyclé chaque année. Conséquence, le « Makala » consommé à Kinshasa vient désormais au delà de Kikwit à la suite de la destruction de la forêt naturelle au vu et au su de tout le monde. Il redoute la montée de la température l’année prochaine à Kinshasa. Bien plus Cyprien Banyanga rappelle que faire de l’agriculture, c’est un apostolat mais avec l’accompagnement du gouvernement comme sous d’autres cieux par l’obtention de semences, des outils aratoires et des motos pompes pour irriguer en saison sèche. Il met les Ministres de l’environnement, de l’agriculture et du commerce extérieur devant leurs responsabilités en vue de faciliter aux agriculteurs l’accès aux crédits, aux intrants et aux semences certifiées de qualité.
Pascal Masirika Bisimwa