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Minerais : un rapport de l’IPIS dévoile des trafics illicites généralisés du diamant en République Démocratique du Congo.

Le secteur diamantifère de la République Démocratique du Congo (RDC), autrefois ¹prometteur, traverse une crise profonde marquée par la fraude, l’exploitation et un déclin économique ravageur. Un récent rapport de l’International Peace Information Service (IPIS) révèle des dysfonctionnements systémiques qui empêchent le pays de tirer profit de ses immenses réserves, estimées à 9 % des diamants industriels mondiaux.

La production de diamants en RDC a chuté de moitié en dix ans, passant de 30 millions de carats annuels au début des années 2000 à moins de 12 millions aujourd’hui. Cette baisse s’explique par la faillite de la MIBA (Société Minière de Bakwanga), autrefois fleuron du secteur, et par l’effondrement de l’exploitation artisanale, qui fournit pourtant 60 à 80 % des exportations. Les mineurs artisanaux, environ 450 000, creusent dans des conditions précaires, souvent sans équipement de sécurité, tandis que les gisements superficiels s’épuisent.

Le rapport met en lumière des pratiques frauduleuses généralisées comme la sous-evaluation. En effet, les diamants congolais sont systématiquement sous-évalués, avec une valeur moyenne à l’exportation tombée à 10,4 dollars par carat en 2023, bien en deçà des cours mondiaux. Le CEEC (Centre d’Expertise et de Certification) a admis des irrégularités dans ses évaluations, conduisant au remplacement de ses dirigeants en 2021.
La contrebande vers les Émirats arabes unis (53 % des exportations) et d’autres pays voisins comme l’Angola et la République centrafricaine (RCA) prive l’État de recettes fiscales cruciales. Des diamants « du sang » en provenance de RCA seraient blanchis via des certificats congolais, selon des sources concordantes.

La SACIM (Société Anhui-Congo d’Investissement Minier), principale entreprise industrielle du secteur, est au cœur de controverses. Accusée de fraude fiscale, de pollution et de violations des droits des travailleurs, elle n’a toujours pas versé les 0,3 % de son chiffre d’affaires destinés au développement local, comme l’exige la loi. Des employés congolais dénoncent des conditions de travail dangereuses, des salaires impayés et des discriminations, tandis que des mineurs artisanaux sont régulièrement victimes de violences par les forces de sécurité.

Le manque de transparence et la corruption minent la confiance dans les institutions. Les recettes fiscales sont souvent détournées, et les communautés locales ne perçoivent que rarement les bénéfices promis. Un exemple frappant : en 2022, la SACIM a déclaré 18,4 millions de dollars de cotisations, mais seulement 6,3 millions sont parvenus au Trésor public.
Les autorités coutumières, bien qu’influentes, sont marginalisées par le cadre légal, exacerbant les tensions. Leur rôle dans la gestion des terres et des conflits reste pourtant incontournable.

Malgré des annonces de relance, comme le plan quinquennal de 453 millions de dollars pour la MIBA, les financements concrets se font attendre. Les investisseurs se montrent méfiants face à la dette colossale de la MIBA (350-400 millions de dollars) et à l’instabilité du secteur.
Pendant ce temps, la région du Kasaï, très dépendante des diamants, sombre dans une crise socio-économique, poussant plus de 200.000 personnes à l’exode.

Isaac Kilikumbi

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