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PDL-145T en RDC : Un programme de développement local sous le signe des irrégularités et des surcoûts selon CREFDL

Le Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T), financé à hauteur de 672 millions USD par le FMI, devait être un levier de développement pour les régions rurales de la République Démocratique du Congo. Pourtant, un rapport du Centre de Recherche en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL) révèle des dysfonctionnements majeurs : gestion opaque, coûts surestimés, retards dans les livraisons, et infrastructures de qualité médiocre. Ce document de 89 pages, publié en mai 2025, soulève des questions cruciales sur l’utilisation des fonds publics et l’efficacité réelle du programme.

  1. Un cadre réglementaire bafoué

Le PDL-145T a été confié à des Agences d’Exécution (PNUD, CFEF, BCeCo) en violation des lois congolaises sur les marchés publics. Le CREFDL dénonce une usurpation des crédits alloués aux ministères sectoriels (Éducation, Santé, Travaux Publics) par le Ministère des Finances. De plus, le PNUD, bénéficiant d’immunités, échappe à tout contrôle national, rendant impossible l’audit de ses dépenses.

  1. Retards et inefficacités
  • PNUD : Aucun ouvrage livré dans le Kasaï malgré un budget de 285 millions USD et un supplément de 70 millions USD accordé sans justification.
  • CFEF : Seuls 65 % des chantiers sont achevés, avec des délais dépassant de deux ans les prévisions initiales (6 mois).
  • BCeCo : Aucune donnée transparente sur l’avancement des travaux.
  1. Des coûts exorbitants pour des infrastructures défaillantes
  • Centres de santé : Facturés 200 000 USD pièce, mais livrés sans équipements médicaux (contre 65 000 USD pour des projets antérieurs).
  • Écoles : Construites à 230 000 USD sans aménagement extérieur ni rampes pour les personnes handicapées.
  • Bâtiments administratifs : Prix plafonnés à 289 302 USD par la CFEF, alors que le gouvernement estimait 200 000 USD.
  1. Qualité médiocre et risques de durabilité
  • 86 % des ouvrages visités présentent des défauts : fissures, toitures non étanches, matériaux de mauvaise qualité.
  • Des écoles et centres de santé sont menacés par des glissements de terrain faute de drainage (ex. : Masi-Manimba, Kenge).
  • Les kits solaires, souvent endommagés, ne fournissent qu’une électricité intermittente.
  1. Priorités inadaptées et absence de consultation

Les populations locales n’ont pas été consultées sur les besoins réels :

  • À Tshikapa (Kasaï), les routes étaient une priorité, mais le programme a construit des écoles.
  • À Muanda (Kongo-Central), l’accès à l’électricité était crucial, mais aucun projet n’a été lancé.
  • Les territoires, dépourvus d’autonomie financière, n’ont pu participer à la planification.
  1. Gestion financière opaque
  • Dépassements budgétaires : 581 millions USD dépensés pour 311 infrastructures (14,5 % du total prévu), contre 371 millions USD initialement votés.
  • Absence de traçabilité : Seuls 2,6 % des dépenses sont justifiées dans les rapports officiels.
  • Double emploi : 170 000 USD gaspillés en recrutements parallèles de consultants.
  1. Recommandations du CREFDL
  2. Suspendre le volet 1 du PDL et récupérer les fonds non utilisés.
  3. Rendre obligatoire la transparence budgétaire et les contrôles par la Cour des Comptes.
  4. Impliquer les communautés locales dans la priorisation des projets.
  5. Réviser les coûts en alignement avec les standards nationaux.

Le PDL-145T, censé réduire les inégalités, illustre les travers d’une gestion centralisée et opaque. Alors que des millions de dollars sont engloutis dans des infrastructures défaillantes, les populations restent privées de services essentiels. Le CREFDL appelle à une réforme urgente pour garantir que les fonds publics servent réellement le développement local.

Isaac Kilikumbi

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